Née le 14 septembre 1798 à Paris, Charlotte-Adélaïde Picard était la fille d’un capitaine d’infanterie devenu sous le Directoire greffier-notaire, envoyé plusieurs fois au Sénégal dont il enregistra la capitulation en 1809. Le pays rendu à la France en 1815, Charles Picard repartit avec ses enfants en juin suivant à bord de La Méduse… Lors du naufrage, tous trouvèrent place non sur le fameux radeau mais sur le canot major, connurent également tempête, faim, chaleur, avant d’atteindre enfin Saint-Louis le 13 juillet. Charles, ayant perdu son emploi administratif, essaya la culture du coton. La famille fut décimée par la maladie, le père mourut après avoir confié ses trois enfants survivants au fondateur de l’École mutuelle, Jean Dard, originaire de Maconge, qui épousa Charlotte en 1820 et la conduisit en 1822 à Bligny-lès-Beaune où il avait été nommé instituteur et secrétaire de mairie. Charlotte Dard écrivit là le récit de son aventure dans un ouvrage publié en 1824, à Dijon, chez Noellat : La Chaumière africaine ou histoire d’une famille française jetée sur la côte occidentale de l’Afrique à la suite du naufrage de la frégate La Méduse (rééd. L’Harmattan, 2005, sans la planche de la chaumière et la carte), traduit en anglais dès 1827. Inspiré de La Chaumière indienne de Bernardin de Saint-Pierre, le récit délivre une image certes idéalisée de l’Afrique, une touche féminine ajoutée sans doute à l’humanitarisme militant de son époux : le couple, amoureux des Africains, retourna au Sénégal en 1832, avec ses trois enfants. Jean, décédé quelques mois plus tard, Charlotte fut rapatriée mais, son brevet de capacité obtenu, reprit le flambeau éducatif et mourut à Saint-Louis le 2 novembre 1862.
Robert Cornevin, "L'œuvre des Bourguignons (les Javouhey et les Dard) au Sénégal et à la Réunion", Hommage à Robert Delavignette : Revue française d'histoire d'Outre-Mer, t. 54, 1967, n°s194-197, p.227-246. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106344n